Sociétés et cultures de l'Orient chrétien et musulman

Ce séminaire est consacré à l'actualité de la recherche historique et archéologique sur les sociétés chrétiennes et musulmanes de l'Orient médiéval, entendu dans son acception la plus large. Le programme de l'année 2021 se divise en deux sections.

1. Chrétiens et musulmans dans la vallée du Nil au Moyen Âge
(Robin Seignobos)
Les séances porteront sur les interactions entre communautés chrétiennes et musulmanes dans l'Égypte médiévale et, au-delà, dans les royaumes chrétiens de Nubie et d'Éthiopie. Outre leur adhésion à une même doctrine christologique (le miaphysisme), ces royaumes d'Afrique orientale ont en effet en commun d'avoir échappé à la déferlante des conquêtes arabes des VIIe-VIIIe siècles. À la différence de leurs coreligionnaires coptes, contraints d'accepter la domination politique de souverains musulmans, les chrétientés nubiennes et éthiopiennes ont donc pu continuer d'exister sous la houlette de monarques chrétiens. L'autonomie politique dont bénéficient la Nubie et l'Éthiopie est toutefois contrebalancée par le rapport de dépendance ecclésiastique qui lie les souverains africains au patriarcat copte d'Alexandrie, seul habilité à consacrer évêques et métropolites dans ces provinces éloignées. C'est aux situations particulières engendrées par cette configuration paradoxale que nous nous intéresserons au cours de ce séminaire en alternant mises au point historiographiques et cas d'études précis.

2. Le royaume chrétien d’Arménie durant l’Antiquité tardive et le Moyen Âge : histoire, archéologie et architecture (Damien Martinez)
Le second volet de ce séminaire nous portera un peu loin en Orient, dans les contreforts méridionaux du Caucase, où s’est affirmé le tout premier royaume chrétien de l’histoire, bâti à la fin de l’Antiquité autour de son Eglise autocéphale. Cette autonomie acquise très tôt au sein d’un jeu politique pourtant complexe, dans un territoire et à une période de tensions très vives entre les empires orientaux – byzantins et perse sassanide – n’a pas pour autant été synonyme d’isolement, comme en témoignent les nombreux échanges qui ont marqué les relations entre l’Arménie médiévale et ses voisins immédiats (notamment la Géorgie) et proche-orientaux. Ceux-ci s'expriment en particulier au travers des productions architecturales – et plus généralement artistiques – qui, bien que témoignant d’une identité affirmée et d’ailleurs constante durant tout le Moyen Âge, sont empreintes de références à Byzance comme aux arts musulmans.